Charles BAUDELAIRE (1821 - 1867) L'horloge Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : « souviens-toi! » Les vibrantes douleurs dans ton coeur plein d'effroi Se planteront bientôt comme dans une cible; Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse; Chaque instant te dévore un morceau du délice A chaque homme accordé pour toute sa saison... Souviens-toi que le temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi Le jour décroit; la nuit augmente, souviens-toi ! Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide. Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard, Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge, Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !) Où tout te dira ! «Meurs, vieux lâche ! il est trop tard !» |
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